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VIVRE ENSEMBLE

A l’occasion d’une autre, j’ai réinterrogé l’une de mes opinions, car à son occasion, nous étions alors deux à douter…

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Golconde _ René Magritte _ Musée Magritte, Bruxelles

Quelle belle proposition quand vivre ensemble est intimement et librement choisi, quelle déconvenue quand Vivre Ensemble est injonction d’une cohabitation harmonieuse entre individus. Un bel accord conditionné à l’interdiction du dés-accord, la maîtrise de l’expression, des émotions, de l’expression des émotion, à la pacification prématurée du conflit, c’est à dire à son interdit.

 

    Dans mon entendement, j’ai depuis longtemps le sentiment d’être rejetable car différente, dans le sens où il m’est difficile de vivre avec / vivre ensemble en permanence. Je suis hypersensible, « empathique » ou plutôt émotive et très concernée. J’ai besoin d’être seule plus souvent que la moyenne affichée, pour me recentrer sur moi et agir au mieux de mes capacités. Avec le temps, j’ai commencé puis continué à me défendre de cette étrangeté, en réalisant que ce trait d’ antilibéralisme aux accents de vieux communisme agressif, m’assujettissait (paradoxalement) en une position d’individu-désirant-coupable. Oui, j’ai besoin de solitude. Récurrente et déroutante confusion entre solitude et isolement. Au fur et à mesure, j’ai questionné la radicalité de diverses positions précises et fermées, y compris en moi.

Je me sens depuis longtemps textuellement « divisée », séparée en deux au niveau du ventre. J’ai également d’autres signes distinctifs d’une sorte de pathologie de la globalité: préférence pour les « mi »-saisons, plus apaisantes que l’été et l’hiver, très critique à l’égard de la mondialisation, me révélant conservatrice en ce qui concerne le « vieux monde », son architecture, sa Nature (questionnement récurrent au sujet des invasives, par exemple), étant plutôt entière dans mon tempérament, capable d’autant de souffrance et de haine, que de bonheur, d’amour, etc.

J’ai questionné ce « OU » (vivre ensemble ou séparément, yin ou yang, homme, femme, etc…) en ayant constaté, au bout de plusieurs années à fonctionner ainsi, que cela n’était pas efficace pour accéder à un bien-être durable. Je réalise, en écrivant, qu’il y a un domaine dans lequel je me suis toujours trouvée au milieu: les études. Comme si j’avais toujours incarné sans le savoir le chemin plus important que la destination, je m’en sortais toujours avec des résultats satisfaisants mais bof.

Bref. La Gestalt-thérapie m’a alors proposé le « ET ». Je dis bien « proposé », car j’ai eu cette perturbante possibilité de choisir entre mon option habituelle et cette nouveauté. Quelle horreur pour une indécise comme moi. Mais la Gestalt-thérapie, mes Gestalt-thérapeutes, mes… choix de thérapeutes, de formateurs, de pairs, n’ont eu de cesse de rester dans la proposition et de veiller, patiemment, à ce que j’apprenne à choisir. C’est un travail en cours et je suppose que ça le restera. C’est un chemin, le mien et, comme le prouve mon passé scolaire, c’est bien lui que je préfère au résultat. Ou plutôt : je choisis de prendre soin du chemin qui aura une « fin », dont je suis consciente sans en être inquiétée. Il s’agit pour moi de vivre au présent, de regarder, chérir et panser mon passé et poser tranquillement un pied en avant.

 

    En ce qui concerne, donc, vivre ensemble ou séparément, j’observe que : je ne vis pas seule puisqu’avec moi-même ; je vis seule dans le sens sociétal de la chose, ce qui, au fond, m’intéresse sans me soucier ; je peux, si je le souhaite, m’accompagner d’êtres vivants – et parfois même d’êtres humains – avec lesquels échanger, évoluer, construire, déconstruire, rêver. Mon ou est donc un et.

Déconstruire ma version du vivre avec, mon passé sans cesse actualisé du vivre avec, m’apprend à apprécier de mieux en mieux de vivre sans. Et inversement.

Questionner mes envies et mes besoins m’apprend à les distinguer, les sélectionner et raccourcir sérieusement la liste, ce qui me permet (derechef) de continuer à approcher l’un de mes besoins fondamentaux : laisser sur cette planète une empreinte la plus légère possible ; et l’exercice précédent, de laisser quand-même une empreinte.

Tout se tient. J’existe en tant qu’individu dans l’ensemble de la diversité des individus qui existent.

 

 

« Je ne sais pas quoi faire ? J’ai peur de vivre seule, j’ai peur qu’il me quitte ou de le quitter… parce que j’ai peur de vivre seule. Je sais, c’est égoïste. Mais je deviens quoi si je suis seule ? Une célibataire au milieu de sa vie, qui en a gâché une bonne partie en étant accompagnée et gâchera certainement le reste parce qu’elle sera seule ?! Ça sert à quoi ? Ça n’a pas de sens. »
« De quoi avez-vous besoin ? Comment puis-je vous aider ? »
« Je n’sais pas. »
Silence.
Émotion.
Présence.
Larmes.
Soutien.*

Bienvenue en thérapie.

* cet extrait est créé, il n’est pas en lien avec l’un-e de mes patient-e-s.

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